Ennui

Je m’ennuie

C’est l’ennui de l’ennui. Le triste ennui, le plat ennui, le morne ennui.

L’ennui zézaye comme un pinson enroué. Le petit cheveu sur la langue d’un ton empéché. « Cours, crie l’impatience ! » « Endure, murmure un fond de sagesse bien enfoui réveillé par l’ennui ! »

Hâte toi d’attendre, savoure les secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois.

Tellement de gens surmenés. Et moi qui m’ennuie ! Mais d’un ennui !

Ne pas penser à des choses à faire. Ne pas penser à des endroits où aller. Ne pas penser à des choses à dire. Ne pas penser à des choses à penser.

Ne pas attendre. Ne pas espérer. Ne pas s’agacer de ne rien faire. Ne pas culpabiliser. N’accuser rien n’y personne.

Se contenter d’être là.

Le matin de Noël

Il faudrait vivre sa vie comme un enfant au pied du sapin de Noël. Au moment d’ouvrir le paquet. Le déballage. On regarde le paquet. S’il est gros, s’il est petit. La couleur du ruban. La déco du papier. On le secoue un peu. On écoute le son pour essayer de deviner ce qu’il y a dedans.
La vie, c’est quand même un sacré paquet surprise, non ?

Bien sûr à force de se prendre les tuiles on a tendance à marcher en rentrant un peu la tête dans les épaules

On devient un chat des rues qui griffe quand on veut le caresser. Dès fois on se laisse un peu apprivoiser. Mais toujours lorsqu’une main s’approche, on rentre la tête, on offre pas la joue.

On a oublié la magie du matin de Noël, avant l’ouverture des cadeaux. On est devenu vieux.

Quelque fois, ça vous prend jeune.