Des marques de semelles sur ma porte.
Je crois que je ne suis pas parano. J’ai entendu des coups frappés. Quelqu’un est passé qui ne me voulait pas de bien.
Des marques de semelles sur ma porte.
Je crois que je ne suis pas parano. J’ai entendu des coups frappés. Quelqu’un est passé qui ne me voulait pas de bien.
Je ne parle plus, jamais, à personne depuis des années. Mes interlocuteurs se comptent sur 3 doigts. Je ne fais pas de déclarations, je n’accepte pas les interviews, je limite mes sorties. J’aime ma solitude.
6h du mat, je mets le nez à ma fenêtre. J’entends un chat qui miaule dans la rue déserte.
Que les choses soient dites, on a le droit de penser ce qu’on veut chez soi et ailleurs, de parler tout seul et de rêver en paix.
Un mec dans la rue me dit maintenant qu’il ne faut pas parler des coucous et et que si je parle des coucous on va m’envoyer à l’HP et me griller. Je me demande pas pourquoi on va me griller moi et pas lui.
La prétendu radio officielle dit qu’elle a vu deux fois et sur mon téléphone, je me demande bien comment et pourquoi ces gens sont sur mon téléphone hors du cadre d’une enquête officielle. Le coucou, que j’ai entendu l’autre jour menacer de tuer un enfant au hasard dans la rue, continue de menacer toute les personnes qui essaient de m’aider.
La nana d’en face vient de dire qu’elle va me faire des yeux suppliants. Je me demande bien comment elle peut faire ça. Le coucou dit qu’il est un oncle de la nana d’en face et que si je persiste il va vraiment faire un attentat. Je commence à ne plus pouvoir écrire. Des lettres venus d’on ne sait où viennent s’interposer sur mon clavier.
Je me mets à penser des choses étranges depuis quelques temps. J’ai des pensées bizarres, parfois des phrases entières, des mouvements de tête imperceptibles censées me faire répondre à des questions posées dans la rue. La fille de Bastion Social en face annonce qu’elle va me faire sourire ou bien écarquiller les yeux. Je ressens des sensations étranges. On me parle de mes rêves comme si on les avait vu. On me dit qu’on va m’envoyer des images. On me dit que toute la ville est au courant.
Les mecs de l’HP parlent avec la fille de Bastion Social comme si elle était une amie de longue date. J’ai vu défilé un type qui se fait passer pour le procureur, sa femme est restée toute la nuit en se faisant passer pour une magistrate du syndicat de la magistrature, des infirmiers, une éducatrice spécialisée, un chef de service et toute la rue qui vient me dire ci ou ça sous mes fenêtres. Même le soi disant procureur parle avec Bastion Social comme si elle était une copine.
On me dit que la poêle à frire n’existent pas et qu’il faut que j’admette que les gens sont plus évolués que moi. Moi je persiste à penser que les gens évolués ne poussent pas les autres au suicide. Une voix dans la rue dit qu’on en viendra pas à bout de celle là. Je me demande bien comment et pourquoi il faudrait en venir à bout de quelqu’un dans cette rue.
J’entends parfois le son d’une radio plus ou moins fort venue d’on ne sait où. Je n’entends jamais aucun jingle qui permettrait d’identifier une quelconque radio existante. Ces gens prétendent être une radio officielle. Je n’ai jamais entendu aucune radio prétendre qu’ils étaient une radio officielle.
Je viens de subir 15 jours de harcèlement et je suis excédée. Je sens la violence poindre se mêlant à la résignation. J’apprends qu’on a monté des coups contre moi toute ma vie, qu’on m’a dénigré partout où je suis passé pour m’empêcher de travailler, qu’on a manipuler les travailleurs sociaux s’occupant de mon dossier, qu’on m’a choisi mes fiancés et mes amants, que j’ai été surveillées et espionnés, que des droits ont été posés sur une oeuvre que j’avais envoyé en toute confiance a une éditrice et sur des poèmes que j’avais laissé sur Internet à l’époque rebelle où j’avais oublié que des gens s’était battu pendant des siècles pour faire reconnaître le droit d’auteur. On me dit que tout ce que j’ai écrit pendant des années m’a été volé et que la collection de foulards que je préparais en secret avec mes peintures m’a aussi été volée. Je ne comprends pas comment on peut à la fois dire à quelqu’un que son travail n’a aucune valeur et en même temps lui voler tout ce qu’elle fait.
Les gens disent qu’ils prennent pour des aveux tout ce qu’on pense. Ils disent « Je dis » pour « je pense »et vous font croire que des aveux obtenus en pleine rue ont la même valeur que des aveux officiels obtenus dans un bureau devant des officiels assermentés. Lorsqu’on répond à une accusation et qu’on nie, ils prétendent qu’on avoue, si on ne répond pas ils reposent sans arrêt la même question jusqu’à faire passer le moindre infime mouvement de menton qui vous échappe pour un acquiescement.
Je viens d’entendre quelqu’un dans la rue demander à quelqu’un s’il savait ce que c’était qu’une poêle à frire. Kesako ? On me dit qu’on n’en parle pas. On me dit que c’est un secret défense. Je vais mourir si j’en parle me dit-on. Ou bien je vais me faire interner.
Il y a une personne dans la rue qui sait que je mange de la semoule au petit déjeuner.
Aujourd’hui dit-on j’aurais violé ma mère. On me dit que si l’on demande à ma mère, ma mère confirmera. Les bras m’en tombent.
Des gens passent sous nos fenêtres chaque jour pour demander aux habitants de l’immeuble s’ils veulent aller à l’HP. Je pense, sans avoir à me concerter que nous sommes tous d’accord pour ne pas aller à l’HP.